Au centre de la grand’place d’Anvers trône une
statue qui célèbre la légende des origines de la ville. Le soldat romain
Silvius Brabo y est représenté jetant la main du géant Antigone dans l’Escaut
(hand werpen = jeter la main),
vengeant ainsi tous ceux à qui son adversaire l’avait tranchée.
Il est probable que le leader nationaliste
Bart De Wever se soit rêvé, après son triomphe électoral à Anvers le 18 octobre
dernier, en nouvel Antigone. Le soir même, il exprimait d’ailleurs sa satisfaction de
ne plus être « un colosse aux pieds d’argile », allusion à son nouvel
et solide ancrage local.
L’ampleur de son succès ce soir là a fait de
lui le seul leader politique susceptible de prendre
la main dans les négociations pour la formation d’une coalition communale.
Un privilège que se verraient bien lui reprendre certains partis défaits, qui s’imaginent
volontiers dans le rôle du soldat-justicier, chassant des terres anversoises
celui que la première ville de Flandre a pourtant porté aux nues.
C’est par référence au processus de formation
du gouvernement fédéral que Bart De Wever s’est attribué le rôle de formateur : celui qui est chargé de
mener les négociations.
Son expérience de formateur du gouvernement fédéral en 2010
inspirera-t-elle sa méthode de négociations au niveau communal ?
Acte 1 : Se faire écarter des
négociations en refusant tout compromis avec les autres partis,
Acte 2 : Surjouer l’image du pauvre
Calimero, victime des partis du
système … « C’est vraiment trop injuste »,
Acte 3 : Engranger ainsi sans effort les
votes des électeurs mécontents.
A Anvers, le premier acte de ce drame s’est
joué cette semaine. En refusant catégoriquement que les écologistes de Groen montent
dans sa coalition, Bart De Wever a braqué le principal parti avec lequel il peut
conclure un accord : le SP.A (socialistes flamands).
Mais Calimero a-t-il vraiment intérêt à
laisser lui échapper le poste de bourgmestre d’Anvers ? En restant à
l’abri de l’exercice du pouvoir, il n’épargnerait pas son parti, la N-VA, qui
participe déjà depuis 2009 à la coalition du gouvernement flamand.
Le risque serait en outre de lasser un
électorat désormais impatient de voir la N-VA au pouvoir, alors que la crise
économique pointe et tandis que la crise institutionnelle n’est jamais bien loin.
Il semble donc que cette fois-ci, Bart De
Wever pourra difficilement laisser la main
à ses partenaires.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire